Cristiano Ronaldo: CR 7, APRES L'ADORATION, LA CROIX?

CR 7: Après l’adoration, la croix ?

 Je ne comprends absolument rien au football et, en vérité, c’est un sport que ne m’attire pas plus que ça.  Aucune raison spécifique. On aime ou on n’aime pas et dans mon cas c’est plutôt une question d’indifférence.

Je ne comprends absolument rien au football et, en vérité, c’est un sport que ne m’attire pas plus que ça.  Aucune raison spécifique. On aime ou on n’aime pas et dans mon cas c’est plutôt une question d’indifférence.

Mais comme dans tous les sports ou domaines de la vie, il y en a, comme CR7, Messi, Michael Jordan, Michael Phelps, Federer, Nadal, Justine Henin… ces hommes et femmes….. bien plus grands que le sport qu’ils pratiquent.

Ce sont ceux, qui par leur exceptionnalité, s’élèvent au-dessus des multitudes, tels des géants imparables. Si au-delà des aptitudes professionnelles exceptionnelles, ce sont aussi des hommes engagés, avec leur environnement et deviennent des hommes de bien, alors ils ont absolument tout pour être enviés alors qu’ils devraient être simplement des sources d’inspiration.

Ne vous méprenez-vous pas sur mes paroles. Ce ne sont pas des saints et ils doivent avoir, comme tout un chacun, beaucoup à se reprocher, des regrets plus ou moins grands. Encore qu’exceptionnels, ils sont humains et, ‘errare humanum est’.  Il y a des erreurs et des erreurs, bien entendu. Mais le simple fait de ne pas avoir suivi un ordre, à tort ou à raison, mérite-t-il, justifie-t-il le lynchage médiatique de quelqu’un?

Malgré, et peut-être à cause même de ses modestes origines, ce garçon, est monté au plus hautes sphères et a fait preuve d’une conscience sociale élevée qu’il ne faut à aucun moment oublier. Reconnu comme le plus grand philanthrope du monde sportif, saviez-vous, par exemple, que  CR 7 est ambassadeur de quelques grandes organisations caritatives, tels que « Save the Children », Unicef et World Vision, et qu’il a pris la parole pour d'innombrables autres. Saviez-vous, aussi, que Cristiano Ronaldo est en tête de liste des 20 athlètes les plus charitables au monde ? Ce sont des faits et une simple recherche sur internet et des dizaines d’articles vous le prouveront à ce sujet.

Encore une fois, je tiens à le souligner,  il ne s’agit pas de le défendre mais, à peine, une tentative, ou l'espoir de mettre les pendules à l’heure, d’essayer de trouver un peu de bon sens dans ce marasme étourdissant de méchanceté gratuite.

C’est un homme qui a, toute chose étant égal par ailleurs, bien plus de qualités que de défauts et qui mérite le respect même quand on n’est pas d’accord. Marquer son désaccord est un chose, la faire suivre d’invectives et insultes blessantes en est bien une autre.

Des hommes d’une telle stature, attirent, malheureusement, aussi bien le respect et l’admiration que la jalousie et la haine. Une haine qui se déchaîne en une violence verbale inouïe.

Mais depuis quelque temps, celui qui a été porté, quasiment sur un piédestal, devient le punchingball de ceux, qu’il y a bien peu, l’idolâtraient.  Son âge, sa performance dans tel ou tel match et, plus récemment, le fait d’avoir quitté le stade, avant la fin du match, l’ont attiré des foudres.  Tous s’érigent en juges et chacun essaye de s’assurer d’avoir la plus grosse pierre dans le processus de lapidation et lynchage public.

Sur le fait d’avoir quitté le stade avant la fin du match, toute une série d’invectives – pour utiliser un bien faible euphémisme – , ont été utilisés et, pour des raisons évidentes, je m’en tiendrai à quelques-unes qui me semblent représentatives d’un bien triste état du monde.

•    « Le manque de respect, vis-à-vis son coach (ou quelqu’un d’autre qu’en sais-je) et de ses co-équipiers, parce qu’en se faisant il leurs a volé le show ».
•    « Quelqu’un devrait le rappeler que le Manchester United ne tourne pas autour de lui’
•    Il a été décevant car en quittant le stade il a donné un mauvais exemple aux jeunes.
•    Il a 37 ans et il est temps qu’il s’en aille.

Enfin, d’innombrables commentaires forgés dans le feu d’une malveillance meurtrière qui  font le fi de tout sentiment de respect et compassion. Et cependant…cependant, il y a non seulement des raisons de questionner le bien-fondé de ce déchainement publique, qui semble aller bien au-delà des fautes commises, mais aussi la nécessité de mettre des limites.

La question qui semble se poser, est celle de savoir si RC7 mérite effectivement d’être mis sur le banc et, le cas échéant, en être clair là-dessus avec des arguments factuels et non basés sur une ou deux performances en deçà du niveau auquel il nous a habitué. Ce n’est pas clair pour moi car j’entends des voix dissonantes non seulement en ce qui concerne ses extraordinaires capacités en tant que footballeur, mais aussi en ce qui concerne les leitmotiv sous-tendant les décision de l’entraineur à son égard.

D’aucuns maintiennent qu’il s’agit d’un acte de vengeance et prépotence d’un individu, en situation d’autorité, qui utilise son pouvoir pour humilier quelqu’un qui n’a pas, soyons clairs, grand-chose à prouver dans ce domaine-là.  Si tel est le cas,  je peux, humainement,  comprendre son attitude. Il n’est pas facile d’être ou de se sentir humilié et de simplement l’accepter parce que l’ordre vient d’une autorité quelconque. La loi, comme l’ordre doivent avoir comme base, des références  morales et de justice. Si ces éléments font défaut, alors l’ordre n’est pas valable ( ou du mois, ne devrait pas l’être)   

Une loi qui dicte la violence qu’elle soit morale ou physique ne doit faire objet d’aucune obéissance.   Dans ce cas-là, il n’aura pas manqué de respect à l’autorité mais, au contraire, il s’est dressé contre un acte injuste.

•    « Il a été décevant car en quittant le stade il a donné un mauvais exemple aux jeunes ».  

Oui et/ou non. Là, encore une fois, tout dépend du bien-fondé de sa situation actuelle. Si sa mise sur le banc, a comme raison sous-jacente une  volonté d’humiliation et destruction, alors il donne le bon exemple. Celui de montrer que tout n’est pas acceptable et qu’il faut être capable d’aller au-delà de soi-même et de s’opposer au mal, malgré les conséquences qui peuvent en découler.

Et finalement : « Il a 37 ans et il est temps qu’il s’en aille »

Encore un raisonnement/argument avec lequel j’ai beaucoup de mal.
1.    D’abord parce qu’il s’agit d’un être humain et non pas d’une vieille télé ou d’un vieux fer à repasser, qu’en tant qu’objets, sont parfaitement jetables. L’objectivation d’un individu est-il acceptable? Et encore, les soucis environnementaux d’aujourd’hui, nous poussent à repenser ce mode de vie ;

2.    Ensuite, parce qu’un individu qui, jusqu’à très récemment, a été applaudi comme l’un des meilleurs du monde dans son corps de métier, n’aura pas pu, du jour au lendemain, devenir bon à jeter. Et si sa carrière en tant que footballeur est arrivé à son terme, on le lui doit bien de lui laisser le faire la tête haute, à la hauteur des exploits qui ont fait le bonheur et la fierté de tant d’adeptes.

J’entends déjà les invectives de ceux qui disent qu’il aurait dû partir de son propre chef, et bla, bla, bla. Si Man Utd le jugeait si mauvais à 37 ans, pourquoi l’ont-ils voulu alors même qu’il avait, sans doute, d’autres possibilités ?

Aussi, supposons que le coach ait des raisons bien concrètes et objectives de ne pas le laisser jouer, de le punir. En quoi cela légitimerait cette vague de lynchage public, cette poussée de ‘bullying’ collectif ?

Après l’adoration, la croix ? A croire que les hommes n’ont pas beaucoup changé.

Ces événements me rappellent de manière poignante, la façon dont la presse s’était acharnée, il y a quelques années, sur une Britney Spears malade et déjà à terre. Ce n’était plus qu’une jeune femme déjà affaiblie et terrassée par la maladie et un grand mal de vivre. Elle a été pur et simplement lynchée, achevée par la presse internationale et exécutée sur la place publique avec l’aide des grands juges et penseurs des réseaux sociaux.  J’avais l’impression d’être étouffée para la nausée, la honte et l’impuissance.

Et c’est là, pour moi, le plus important. Ce n’est pas CR 7 ou Messi  ou Britney Spears qui sont en cause.
La question cruciale qui se lève est celle de la culture du lynchage, du bullying qui n’est pas nouvelle. ; c’est cette propension à suivre les cohortes, à devenir membre du troupeau, tout en cherchant, paradoxalement, à sortir du lot, par le plus malin, ou le plus mesquin des commentaires.

Mais on peut aller plus loin, en extrapolant ce qui arrive à CR 7, ce qui est arrivé, à Britney Spears,  ce ce qui est arrivé à maintes personnages et groupes ethniques à travers l’histoire, à cette terrible prédisposition  au mal et au mal agir, ou la conscience semble fonctionner à l’envers, ou l’on ne distingue plus le mal du bien et les conséquences de nos actes, aussi mauvais soient-ils, deviennent acceptables.

C’est ainsi que l’on se rend compte que le mal, soit-il radical ou banal, n’est jamais trop loin mais toujours aux aguets, tel un animal sauvage prêt à se jeter sur sa proie.

Je n’aime pas le football et je n’y connais rien mais je ne me tairai pas et je ne soutiendrai pas, par le silence, l’insoutenable.  

Á Cristiano Ronaldo,  je lui souhaite bonne chance. Plus, je souhaite qu’il se lève comme le phénix de ces cendres et qu’il fasse taire la méchanceté et la mesquinerie, puisque le simple sens de décence n’y peux plus rien.