REVEILLEZ-MOI LORSQUE CE SERA FINI

 

 

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Je me sens étouffer
Je ne peux plus rien dire,
Je ne peux plus rien penser
Il m’est interdit de sentir
Et en vous, aucun regret décelé

Tout ce que j’entends et je lis
Est revu, corrigé et amendé
Sous le grand et bienveillant plis
du politiquement correcte
Et de la sôtise légalisée

J’étouffe sous vos dictats
Les mots se perdent
Et de leurs sens se vident
Sous vos ignobles pactes
Par la morgue conçus

Ma différence est contrôlée,
Par votre fourbe générosité
Ma pensée est manipulée
Et de ma bouche muselée
Un douloureux hurlement se tait.

Sous les cris assourdissants des médias
Et la bonhomie corrosive des ‘task forces’
Des Nations Unies et d’autres  lobbies
Qui lavent encore plus blanc que la Suisse
Ma voix s’essouffle et trépasse

Roald Dahl n’est plus pareil
Eça de Queirós est pointé du doigt
Le génie de Shakespeare violé
Proust assassiné par des plumes stériles
Et Austen ne sera sans doute pas oubliée

Il faut tout changer, laver, lisser
Taire les mots qui fâchent
Éviter des gros mots vermeils
«grosse, moche, chauve, belle et que sais-je
Il faut tout jeter à la corbeille

Je veux m’endormir car j’étouffe
Dans mon sommeil je rêverai
D’Eça de Queiroz,  de Balzac,
De Proust, d’ Austen, de Wilde
de Shakespeare et Bocage
Avant le grand nettoyage                                              

J’y ajouterai, si vous permettez,
Bien à l’abri des regards rapaces
Kant, Arendt, et Fleury, mes préférés
Et s’il me reste du temps pour rêver
Derrière Levinas Dostoïevski, Rousseau,  
Tolstoï, Harari et Foucauld je m’efface




Je rêverai d'un monde sans Eichmanns
Ces gens obéissants et pleins de zèle
Que pour une poigné de pièces ou promesses
Ignares du cercle de l'Enfer, aux traîtres réservé
Deviennent des assassins ergomanes
Ne laissant que douleur et souffrance pour vestige

Avant de partir et de m’assoupir
Je veux accoucher dans une maternité
Je refuse de donner naissance dans un «accouchoir »
Pour accommoder les bêtes sensibilités
Et de ténébreux intérêts aux saveurs totalitaires

Je suis mère, je suis femme, je suis matrice.
J’accouche dans une maternité
C’est mon rêve, c’est mon droit
Je n’y renoncerai pas pour un caprice
Et je ne me tairai pas devant vos lois

J’en rirais si ce n’était pas si tragique
J’hurlerais si quelqu’un pouvait m’entendre
J’ignorerais si ce n’était pas aussi dramatique
Je prierai si j’étais crédule ou croyante
Mais je m’en irai dormir car j’en ai assez de prétendre

Oui, je m’en irai dormir
Me reposer, lire et réfléchir
En silence, blottie dans un coin
J’attendrai la fin du délire, de la folie
De la censure, de l’obscurité et de l’idiotie

Et au bout du compte, si on s’en sort,
Si la guerre n’aura pas tout détruit
Quand on aura fini de réécrire l’histoire
De vouer les langues, les cultures et les peuples à la mort
Si les océans, les fleuves et l’air qu’on respire, existent encore


Alors, Alors, oui. Réveillez-moi
Réveillez-moi quand tout sera fini
Quand le monde sera redevenu humain
Et qu’on pourra marcher main-dans-la-main
Car j’ai hâte de reconstruire




 


 

 

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